L’écriture, l’histoire, la musique et les arts de la scène ont toujours suscité un vif intérêt chez Andrée Roy. Elle avait donc toutes les clés en mains pour rédiger et orchestrer le projet théâtral Notre passionnante histoire servie sur un plateau. Remontons dans le temps, pour expliquer la genèse de cette pièce qui prendra plusieurs formes: théâtre, musique, chant, danse, projection.

Une idée qui germe

Ayant plus de temps à la maison durant la pandémie, Andrée eut un appel à l’écriture pour une histoire romancée racontant le début du peuplement, sur le territoire de Matapédia-et-les-Plateaux, avec la population mi’kmaq, irlandaise, écossaise, anglaise, canadienne-française et acadienne. D’où vient cet intérêt ? Il faut dire que ses deux arrière-grands-parents, Glorice Gallant et Amable Leclerc nés à l’Île- du-Prince-Édouard, sont venus s’établir dans les Plateaux, à Saint-Alexis-de-Matapédia. Poursuivant ses réflexions, Andrée s’est questionnée à savoir si cette histoire pourrait être intéressante à mettre en scène. Mais nul ne se doutait encore quelle ampleur le projet aurait aujourd’hui !

Recherche, visites et rencontres

Pour approfondir le sujet, Andrée est allée à la rencontre de Louis Wauthier qui fut, pendant un peu plus de 30 ans, metteur en scène de la Fabuleuse histoire d’un royaume au Saguenay-Lac-Saint-Jean. Avec les connaissances nécessaires pour la conseiller et l’aiguiller, son aide fut grandement appréciée pour mettre ce projet d’envergure sur les rails. Un point important, qui est sorti de ces rencontres, fut de de trouver quelles sont les particularités importantes de notre région. Elle a donc fait le tour des villages, pour discuter avec la population et voir ce qui pouvait ressortir.

Andrée fit d’innombrable recherches sur l’histoire locale. Il y eut plusieurs visites à l’Île-du-Prince-Édouard; entre autres, un voyage organisé pour en connaître davantage sur la généalogie, beaucoup d’archives ont été consultées. De multiples échanges auprès de l’historien Georges Arsenault ont eu lieu également. Pour celles et ceux qui se souviennent, il était déjà venu nous voir en 2010, pour le 150e de Saint-Alexis-de-Matapédia.

Une fois la collecte d’informations terminée, Andrée se mit à l’écriture des scènes qui composent sa pièce. D’autres rencontres, auprès de la population, des municipalités et de la MRC, ont eu lieu pour voir si toutes donnaient leur aval au projet. Le trouvant en effet très intéressant, c’est la Corporation de Développement Économique Matapédia-les-Plateaux qui a, par la suite, engagé Andrée en tant qu’agente de développement culturel, pour produire le projet.

Un projet emballant

Andrée fut surprise par l’enthousiasme des gens à participer à cette grande aventure! La création du comité sur lequel siègent quelques bénévoles, pour certaines tâches administratives et organisationnelles, s’est faite rapidement. De plus, beaucoup d’autres collaboratrices et collaborateurs se sont joints dans l’organisation du projet avec leur savoir-faire et leur expérience.

La Fabrique de Saint-Alexis-de-Matapédia fut enthousiaste à l’idée de pouvoir transformer l’église en salle de spectacle. Andrée s’étonna de leur réceptivité à vouloir apporter des changements au bâtiment et à sa structure (par exemple, en rallongeant le parterre de l’autel avec une section en bois) et de faire une cure de rajeunissement au sous-sol pour servir de loge aux comédiens.

La précieuse aide des couturières

L’habillement des personnages prend une place importante dans le projet. Beaucoup de dames se sont mises à l’œuvre pour coudre et tricoter, en groupe, à la maison ou même dans les résidences. Sylvie Gallant s’est greffée au projet, pour coordonner la couture des vêtements produits pour les comédiennes et comédiens. Andrée raconte que certains locaux où se préparent ces costumes ressemblent à de vraies manufactures!

Plusieurs visites ont été faites au Village acadien, situé à Caraquet au Nouveau-Brunswick, pour se documenter sur l’habillement des gens de l’époque et sur la manière dont ils fabriquaient leurs vêtements. Par exemple, l’achat de bas n’était pas envisageable au risque de se retrouver avec toutes sortes de couleurs. Les Acadiens portaient de la laine du pays, blanche, blanc cassé ou grise. Les bas furent donc tous tricotés pour respecter le plus possible ce qu’on pouvait retrouver à l’époque.

Et, pour ce spectacle, on ne pouvait pas se permettre de tisser le textile pour fabriquer les vêtements! La communauté s’est donc impliquée en donnant des restants de tissus qu’elle avait en surplus. Aussi, la visite des friperies a permis de trouver des vêtements faits de ces matières premières souhaitées, vêtements qui, toutefois, furent modifiés par la suite, pour avoir le « look » acadien.

Un bref aperçu du spectacle

Des numéros de danse seront préparés par les monitrices et les jeunes lors du Camp de jour, cet été. Des musiciens d’expérience travaillent à l’élaboration de pièces musicales adaptées pour le projet. Des vidéos seront projetés sur l’immense toile qui prendra tout le fond de l’église. Plusieurs autres effets spéciaux seront de la partie avec les décors sur la scène. Andrée et son équipe ne veulent pas trop en dévoiler, pour garder l’effet de surprise lors de la première…

Mot de la fin

« C’est vraiment un projet multi générationnel », mentionne Andrée. Tous les âges sont regroupés dans ce projet, de 5 à 95 ans ! Ce sont près de 125 personnes qui ont travaillé avec passion et générosité sur cette pièce de théâtre. Cette année, il y aura quatre représentations au début et mi-septembre 2023. Ce projet se veut récurrent pour les années à venir. Tout va dépendre de la disponibilité des comédiens à revenir jouer et de la participation essentielle des bénévoles. L’organisation espère pouvoir embarquer, une fois de plus, dans ce projet d’envergure, pour faire rayonner la région !

(Texte tiré du journal TamTam, Vol.12 | No6 Juillet 2023)